Tout ce que vous m’avez offert,O vents d’autrefois, d’or volage,Sur ma pauvreté s’accumule,Sur la simple couche de terreCouvant le sommeil de mes morts,Dans le coin d’une île perdueOù sont réfugiés les nuagesEt le présage des oiseauxQui sillonnaient notre bonheur.Ce vide est toute ma richesse.Il rayonne, soleil obscur.Il suffit à gonfler les voilesTraversant l’horizon du rêveEt meuble les pièces désertesD’une absence à jamais brûlante.Tout ce que j’ai reçu de vous,Tout ce que vous m’avez voléDans votre course aveugle, vents,Je veux le joindre à mon trésorDe jours noirs, de nuits sans paroles.C’est ce qui m’aide à vivre au largePrésent encore mais plein d’ailleurs,C’est ce qui me pousse à léguerA la mer ce grain de poussière.
© (in Fortune de vent, deuxième édition, José Corti, 1986)